L'article #44 : Maurice Carême
€5.00
Maurice Carême, Le miracle d'exister
L'article de François-Xavier Lavenne
Illustrations : Hugues Hausman
Edito : Maxime Lamiroy
Un QR-code donne accès à un choix de poèmes de Maurice Carême à lire au fil du texte
ISBN : 978-2-87595-917-1
Parution le 1 mai 2024
Prix : 5 €
Vous vous trouvez peut-être dans la maison de Maurice Carême… Peut-être venez-vous de la visiter. Il est temps désormais d’en refaire le tour dans une nouvelle dimension, « à hauteur d’enfant ». François-Xavier Lavenne, grand lecteur du poète et directeur de la Fondation Carême, sera notre guide pour redécouvrir cette maison sous un autre jour et une autre nuit. Le monde du poète est en effet celui des enfants, un jeu d’ombre et de lumière où « l’enfance n’est pas que légèreté ». Il faut savoir se faufiler parmi les meubles pour en apprécier leur présence.
Écouter les bruits inaudibles des adultes comme l’ancienne clameur de supporters. Apercevoir dans un miroir déformé l’ombre sagace de Jacques De Decker. Sentir la caresse d’une mère présente dans son effacement.
C’est une maison d’écrivain unique que présente cet article, une maison vivante qui rit et doute, qui se souvient et espère. C’est un bol d’air frais et un refuge chaleureux. C’est une poésie simple qui parvient à capturer la complexité de l’enfance.
Qui mieux que François-Xavier Lavenne pouvait consacrer une des livraisons de la collection « L’article » à l’œuvre de Maurice Carême ?
Il a choisi de nous faire visiter la maison-musée du poète, en s’arrêtant dans chacune des pièces et dans le jardin pour y raconter ce que ces lieux évoquent de l’œuvre. Il devient poète lui aussi, comme si le génie de la maison le guidait pour nous en parler.
La demeure de Maurice Carême dresse ses pignons peignés par les branches d’un saule (…). Celui qui passe sous la vierge du porche est (…) au cœur d’une utopie poétique bâtie d’alexandrins avant d’être de briques, au plus près de l’âme du poète.
Dans cet essai, il entrelace l’évocation de l’œuvre et celle de la maison. On se retrouve hypnotisé par la grâce d’un récit de vie qui commence au berceau du poète né à Wavre dans la dernière année du 19e siècle. Il se poursuit dans une enfance illuminée par l’amour de ses parents, aussi pauvre qu’heureuse. Sans revenir ici sur des étapes que retrace le biographe, épinglons l’admiration précoce pour Verhaeren, dont la photographie orne le bureau à l’étage. Souvenons-nous de l’attachement de Carême aux échanges entre le Nord et le Sud du pays : le poète consacra la première anthologie bilingue à la poésie néerlandophone de Belgique dans les années 1960. Pour la mener à bien il se fait aider par le jeune Jacques De Decker, dont on peut lire en fin de volume l’évocation qu’il enregistra au micro d’Espace-Livres.
La visite de la maison se poursuit. Égrenant au fil des heures de la journée les pièces regorgeant de témoignages (photographies, peintures, lettres illustrées, objets…), notre guide parcourt les étapes de la création littéraire, son cheminement depuis la publication des premiers poèmes (Carême fait partie des fondateurs du Journal des poètes !), influencés par les avant-gardes et particulièrement par le surréalisme (…). Il y a aussi le prosateur qui lance une charge contre la petite bourgeoisie (Hôtel bourgeois), qui consacre un roman au football : Le martyre d’un supporter, probablement le premier roman à avoir fait entrer le football dans la littérature, souligne Lavenne. Vient ensuite Mère. Publié en 1935, le recueil remet en question la poésie « intellectuelle » et témoigne de la recherche d’une simplicité et d’une fluidité qui s’accorde avec la quête métaphysique. L’auteur met en lumière l’un des fils conducteurs de l’œuvre : (…) la défense du droit de l’homme à rêver.
Au terme de ce court volume, le directeur du Musée Carême nous aura fait partager l’œuvre du poète, ce parcours sinueux, affleurant les abîmes du doute et habité en même temps d’une force et d’une confiance rayonnante. Il nous aura aussi invités à relire sans préjugé l’œuvre dont il aura dévoilé la complexité, les doutes, les questionnements. Il aura enfin évoqué, présente partout dans la maison blanche, l’amitié qu’inspira le poète à tant de ses contemporains, artistes (Luc De Decker, Paul Delvaux, Félix De Boeck, Henri-Victor Wolvens…), écrivains et poètes (Julos Beaucarne, Jacques De Decker, Philippe Lekeuche, …), mais aussi lectrices et lecteurs de son œuvre dans la langue originale ou dans des dizaines de traductions et adaptations.
Lavenne redevient poète lorsqu’il prend congé de nous avec ces mots : Et dans le jour qui s’avance vers les fontaines bleues de la nuit, la maison blanche étend son ombre sur l’allée, comme un accueil.
N.B. Au début du volume, un QR Code donne accès à un choix de poèmes de Maurice Carême : Notre maison, Venez.., La cuisine, Bonté, Il pleut doucement ma mère, Rue des fontaines, L’enfant des bonheurs sans raison, Moederken-Mère, L’école, La tête de mort…etc
Jean Jauniaux, Le Carnet et les Instants
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