J'ai peur de mourir si je vis trop longtemps

€20.00

J'ai peur de mourir si je vis trop longtemps
Auteur : Pierre-Guyaut-Genon

Editions Lamiroy
Parution : 23 septembre 2024
ISBN : 978-2-87595-936-2      
268 pages
Prix : 20 €

Cinq cadres partent se retaper et combattre leur stress par la thérapie, la méditation et le sport. Une remise à zéro empreinte de branchitude. Ils doivent plaire à tout prix, quitte à mystifier. Cela les fragilise. Vont-ils comprendre le ridicule et la frime de nos mœurs ?

A peine sorti du succès d’une biographie des Kinks, Pierre-Guyaut-Genon replonge dans le roman. Celui-ci est son vingtième. Il y explore, sourire au lèvres, les nouvelles pistes de notre époque surprenante.

Visionnez le passage de Pierre Guyaut-Genon dans La Voix est libre sur BX1

Jusqu’où s’abandonner ?
Ils sont cinq à s’être inscrits auprès d’une société qui organise des sessions résidentielles de développement personnel destinées à des cadres d’entreprise. Pendant une semaine, ils rompent tout contact extérieur, doivent taire leur nom et celui de la société qui les emploie, remettent à l’accueil leurs smartphone et tablette. Leur emploi du temps leur est annoncé au fil de la journée : séances de musculation, de course à pied, de relaxation, discussions et animations en groupe et entretiens thérapeutiques individuels avec un médecin et psychologue. Quant aux repas, ils sont essentiellement à base de fruits et de légumes, généralement sans alcool. L’objectif annoncé est de leur apprendre à déstresser en adoptant une meilleure hygiène de vie.

Dans cet haletant huis clos (le centre dispose d’infrastructures sportives privées), les personnalités se révèlent, les masques tombant vite lorsque chacun est poussé dans ses retranchements. Tôt ou tard, il n’est pas possible de faire bonne figure en tout, les rivalités s’aiguisent, des alliances se nouent, les langues se délient. D’autant que les cinq participants sont rejoints en cours de stage par une nouvelle recrue qui a été licenciée par un des cadres. Lors des séances de thérapie, les participants sont enclins aux confidences quand ils ne sont pas ébranlés par les observations et les interrogations du psychologue qui viennent à bout des dernières résistances.

Les dialogues occupent une place importante dans J’ai peur de mourir si je vis trop longtemps qui  nous offre une forme de compte-rendu de chaque journée. Les échanges verbaux sont ciselés et d’une vivacité peu commune qui frise avec le morceau de bravoure, avivés par les tensions relationnelles et la volonté constante des animateurs de mener chacun au-delà de ses limites. Les entretiens thérapeutiques qui nous sont relatés offrent quant à eux une mise en perspective qui invite à dépasser les apparences. Plus d’une fois, la discipline alimentaire stricte et les contraintes imposées laissent croire que l’un des participants va craquer, que nous allons avoir droit à un règlement de comptes débridé.

Au terme de la session, alors que les participants se séparent et renouent contact avec l’extérieur, non sans qu’on leur ait proposé d’opter pour un suivi, on est porté à penser que Pierre Guyaut-Genon nous a brossé un tableau d’époque qui nous interroge sur notre monde dominé par l’obsession de la performance, les conséquences pour ceux à qui on impose ces normes et pour leur personnel. Mais aussi, subtilement, sur les limites des méthodes d’animation et les contraintes, très souvent consenties, qui n’en sont somme toute jamais que le troublant prolongement.  

Thierry Detienne
Le Carnet et les Instants
Le blog des Lettres belges francophones

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