L'article #14 : Jim Morrison
€4.00
Jim Morrison : Un poète américain
L'article de Gorian Delpâture
Editorial : Maxime Lamiroy
Illustrations : Hugues Hausman
ISBN : 978-2-87595-572-2
Parution le 1 novembre 2021
Editorial :
Cinquante ans après sa mort, Gorian Delpâture nous emmène dans le lieu le plus intime, le plus inaccessible de l’artiste Jim Morrison : la psyché du poète. On y découvre – à travers un texte qui est aussi un jeu littéraire parsemé de citations des paroles de Morrison et d’extraits d’interviews authentique – le lecteur invétéré de romans et de poésies, le disciple de William Blake, le loup solitaire. Bien loin du cliché de chanteur rock, Jim Morrison se révèle être un candidat honorable pour le Nobel. Gorian Delpâture nous offre un moment de recueillement, de méditation intérieure au sein de cette fantastique boule d’énergie. Il nous fait vivre dans le cœur du « simple poète américain ».
C’est avec beaucoup de plaisir et d’intérêt que j’ai donc lu ce récit qui prend le contre-pied de l’impression que m’avait faite le chanteur lors de notre récente rencontre. C’était il y a deux ans, une histoire démoniaque qui se déroule, comme il se doit depuis les Rolling Stones, à Saint-Pétersbourg et non dans le Moscou boulgakovien. J’avais acheté des places au théâtre Lensovet, un lieu réputé pour ses mises en scènes très contemporaines et peu appréciées d’une certaine tranche de la population russe, comme cette vendeuse de places pour le Mariinsky qui manifesta tout son mépris – « Lensovet, ce n’est pas du théâtre ! » – à l’égard de deux touristes qui juraient ne plus vouloir mettre les pieds dans un théâtre à la suite d’une soirée passée au Lensovet. J’avais été attiré par le titre de la pièce jouée, « Les Démons », une des nombreuses adaptations théâtrales de l’immense patrimoine littéraire russe. Or il se trouva qu’il ne fut nullement question de Verkhovensky, de Stavroguine et de son abominable crime, il n’y avait aucune référence à l’intrigue dostoïevskienne ! Au lieu de cela, deux couples jouaient en alternance des scènes de ménage. Une femme avait pour lubie d’allumer des cigarettes sans les fumer, ce qui avait le don d’exaspérer son compagnon qui lui demandait sans cesse la raison de cette manie. Elle refusait de lui en donner une. Les couples se déplaçaient entre des instruments et des micros. La scène était en fait aménagée pour un concert rock. Et entre chaque scène de ménage, un groupe rock jouait et Jim Morrison prenait place dans le corps-hôte d’un acteur au talent prodigieux, prédisposé aux séances de spiritisme rock. Et dès la première apparition, tous les spectateurs et moi-même, assis sur des rangées serrées de sièges de conférence, « nous eûmes une grande visitation d’énergie ». Dans ce théâtre, le chanteur fasciné de cinéma et de littérature avait repris vie, je voyais « un shaman électrique sur scène ». Et nous devenions avides de voir l’acteur-chanteur reprendre vie, nous étions en manque. Peu nous importaient les problèmes conjugaux d’acteurs pourtant fort sympathiques. Nous étions en somme à deux doigts de la transe, et à la sortie de la pièce, ce fut une ruée vers les portes, pour acheter les disques des The Doors. Cela m’a beaucoup touché de savoir que même là-bas, là où l’Occident se perd et se dissipe dans les brumes de la Néva, Jim Morrison avait pu subitement faire une apparition tout à fait inattendue, vivante et jouissive afin de sceller notre première rencontre.
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