Petits bonheurs de l'édition
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Petits bonheurs de l'édition
Auteur : Bruno Migdal
Couverture : Hugues Hausman
Editions Lamiroy
Parution : 15 novembre 2021
ISBN : 978-2-87595-511-1
86 pages
Prix : 10 €
Comment devient-on stagiaire dans une célèbre maison d’édition ?
Qu’est-ce qu’on y fait ?
Quelles sont les relations avec les éditeurs en titre ?
Sur quels critères sont retenus les manuscrits et comment se manifestent les relations de pouvoir dans ce monde à part, chargé d’un passé littéraire glorieux ?
L’histoire de la maison ne pèse-t-elle pas sur les esprits de ceux qui y travaillent au point de leur donner la certitude ou l’illusion d’appartenir à une aristocratie ?
Avec un humour constant, Bruno Migdal, le « sans grade », l’amoureux de la littérature qui écrit à ses heures, observe et note les mœurs étranges de ce petit monde dont les codes lui sont étrangers.
Chargé de lire des manuscrits et d’en rendre compte par une note de lecture, il nous livre, tout en finesse, sous la forme d’un journal de stage, une facette de la comédie humaine dans ce microcosme très parisien.
Bruno Migdal travaille dans un établissement scientifique en région parisienne. Son attachement à la littérature le pousse à entamer des études de lettres à l’âge de quarante-deux ans.
Petits Bonheurs de l’édition, sa première publication, est enfin rééditée !
Le Monde :
"Petits bonheurs de l'édition", de Bruno Migdal : l'édition derrière le miroir
"Amoureux de la littérature", Bruno Migdal, né à Saint-Cloud en 1958, a décidé à 42 ans d'entamer des études de lettres qui l'ont conduit à effectuer un stage dans l'édition, matière de sa première publication.
Par Nicolas Weill – Le Monde
Que se passe-t-il quand un scientifique en poste dans la région parisienne décide de se réorienter professionnellement et de se mettre à "écrire" ? Pour l'auteur-narrateur de ce petit récit, le premier geste aura consisté à se documenter sur le milieu littéraire sur le mode de l'observation participante.
Le voilà donc en stage dans une grande maison d'édition de Saint-Germain-des-Prés aisément reconnaissable, s'initiant au métier d'éditeur tout en rédigeant son "journal", entouré de compagnons bien plus jeunes que lui, souvent portés, eux, par le jeu des relations à cette place enviée et précaire qu'ils cherchent à perpétuer en décrochant un improbable CDD.
Ce petit ouvrage dévoile ainsi drôlement l'envers de ce petit théâtre dans un style volontairement naïf. Sans acrimonie mais sans excès d'indulgence non plus, ce "Huron" moderne décrit le quotidien de cette profession qui fait encore parfois rêver, malgré Internet, iPad, Google books, etc. Il excelle à en montrer les traits poussiéreux mais aussi attachants.
Au bas de l'échelle qu'il ne quittera pas, pour l'équivalent d'un euro de l'heure dit-il, il se retrouve quelques mois aux premières loges, modeste réceptacle du déferlement à jet continu des fameux manuscrits qui parviennent par la poste et dont la lecture, suivie de notes la plupart du temps négatives, représente la base du travail. Notre stagiaire coincé dans un bureau exigu arrive avec une austère vision de la littérature, une culture de l'éditeur exigeante, sans concession. Or cette conception un peu gourmée de l'authenticité littéraire ("tout n'est que rabâchage depuis L'Iliade") va être rudement mise à l'épreuve dans ce cadre "mondain", où les écrivains à part entière croisent les animateurs d'émissions télévisées, les journalistes, les ministres "à la carrière en yo-yo", les intellectuels en vue, etc.
Son art consiste à savoir décrire non pas seulement les ridicules mais les mille et un gestes aussi concrets que chargés de sens qui font le quotidien d'une "grande maison". "Les auteurs, sous contrat surtout, adorent venir fouiner (au magasin)", dit-il. "Ils aiment constater la réalité pondérable de leur oeuvre, la quantifier en palettes, la voir se multiplier en un kaléidoscope et comprimer pour un temps la concurrence." Penser à travers les choses reste plus qu'utile, même dans des lieux où l'esprit est censé souffler.
La force de ce "journal de stage", c'est aussi de ne jamais plonger dans l'amertume face aux poignées de mains qui se refusent ou restent obstinément molles quand tel ou tel éditeur croise l'inconnu qu'est l'auteur ; face au refus poli et stéréotypé de son propre manuscrit qu'il reçoit d'un de ses maîtres de stage, "Trépignol" - refus qui ressemble à s'y méprendre aux dizaines de ceux qu'il a dû lui-même rédiger. A 40 ans, a-t-on déjà "un âge défraîchi" pour commencer une carrière ? "On aime miser sur l'étincelante jeunesse", pense pouvoir conclure Bruno Migdal. "Courage ! ! !" était le dernier mot de la lettre de Trépignol. Lui ne semble pas avoir perdu celui d'écrire.
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